Charpente : entretien, préservation et protection

La charpente est l’une des composantes clés de l’habitat. Contrairement aux charpentes en métal ou en béton, les charpentes en bois peuvent subir l’attaque d’insectes et être dégradées par des infiltrations d’eau. Veillez à l’entretenir pour assurer sa durabilité dans le temps !

Récente ou ancienne, votre charpente en bois doit être régulièrement inspectée pour s’assurer que son état général lui permet de supporter le poids de la couverture.

Le bois de charpente utilisé pour les constructions récentes a été traité en usine, mais cette protection n’est pas éternelle. Quant aux charpentes anciennes, elles ont pu ne jamais être traitées ou du moins avoir vu la protection disparaître avec le temps. La charpente n’étant pas nécessairement apparente, son inspection est parfois négligée. Pourtant elle est exposée à des menaces bien réelles.

Sommaire

Les principales menaces
Réaliser un diagnostic
Les différents types de traitement

 

Si vous possédez une charpente en bois, quel que soit son âge, elle nécessite un entretien régulier pour lutter contre les ennemis du bois que sont principalement les insectes à larves xylophages (mangeurs de bois) et les champignons lignivores.

Cette veille régulière est importante à plusieurs titres car au-delà du confort et de la protection qu’elle apporte à votre bien, sachez qu’elle fait également l’objet d’un diagnostic si vous décidez de la mise en vente de votre maison. Ce diagnostic signalera éventuellement la présence des ennemis du bois. La découverte d’insectes nuisibles (notamment les termites) entraîne d’ailleurs une obligation de déclaration auprès de la mairie !

Les principales menaces

Pour commencer, il faut bien comprendre que l’essence du bois va, en partie, conditionner la menace potentielle.

Pour les plus importantes pièces de charpente on utilise le plus souvent le pin sylvestre, le pin maritime, le peuplier, le sapin de Douglas, l’orme ou encore l’épicéa. Les chevrons et les clivages sont réalisés en sapin, en châtaigner ou en peuplier. Enfin, le chevillage est réalisé avec des essences différentes : acacia ou frêne.

Les particularismes régionaux ont également une incidence et toutes les régions ne sont pas sujettes aux mêmes menaces parasitaires.

Les charpentes sont exposées à deux grands types de menaces : les insectes et les champignons qui ne s’attaquent pas seulement à la charpente mais à tous les composants en bois : parquets, boiseries, etc.

  • Les insectes xylophages

Les larves des insectes se nourrissent de la cellulose qu’ils dévorent à l’avancement en creusant des galeries, certains d’entre eux renforcent et tapissent la paroi par des secrétions cimentières. En fonction des cas, il est plus ou moins difficile de les repérer.

  • Les larves du capricorne, du lyctus, du sirex et de la vrillette

Ils sont assez simples à repérer. Ces vers blancs, plus ou moins gros et mous, vivent de longues années (alors que l’insecte vit très peu de temps) et révèlent leur présence par l’apparition de trous à la surface du bois ou le rejet d’un peu de sciure.

C’est aussi au bruit qu’on peut parfois les repérer, mais il faut tendre l’oreille pour percevoir les mandibules au travail ! En appliquant un stéthoscope sur les bois de charpente, vous pourrez facilement identifier leur présence.

Chacun de ces insectes a ses préférences, le capricorne appréciant particulièrement les résineux, le lyctus, les feuillus ou les bois tropicaux, la vrillette étant beaucoup plus « universelle ». Quant au termite, il agit partout même s’il s’attaque d’abord aux parties tendres du bois.

  • Le termite

Cet insecte est un cas très particulier dans la mesure où son action est très discrète. Le termite agit à l’âge adulte, et il ne vit pas dans le bois lui-même mais dans le sol, au sein d’une termitière organisée en communauté (comme les fourmilières).

Venu d’Afrique à partir des ports de la côte du sud-ouest, le termite s’est répandu sur presque tout l’ouest de la France, le sud-est et une partie de la vallée du Rhône, quelques départements du nord de la France, dont la Région parisienne et certains arrondissements de Paris sont particulièrement touchés. En revanche, il se développe moins bien dans les régions froides l’hiver.

Rien n’arrête le termite qui traverse les murs par les fissures de toutes sortes pour s’attaquer à tous les bois de construction à de rares exceptions près (certains bois exotiques). Sa présence est d’autant plus difficile à détecter qu’il ne perce que très peu de trous et n’évacue pas de sciure. En règle générale, lorsque les premiers dommages sont apparents l’invasion est déjà largement établie et les dommages très importants.

  • Les champignons lignivores

L’autre grand ennemi des charpentes est le champignon lignivore qui se développe d’autant mieux si l’atmosphère est confinée et humide (par exemple enfermé dans un isolant légèrement humide).

Avant d’envisager le moindre traitement curatif, il est indispensable de comprendre pourquoi et où le champignon s’est développé afin d’éradiquer le mal à sa source, sinon les reprises post-traitement n’en seront que plus importantes.

Ils sont plusieurs à apprécier le bois en œuvre et si le mérule est le plus connu, on peut aussi citer le coniophore des caves, le lenzite des poutres, le polypore des caves, etc. dont les effets généraux sont une décomposition du bois à cœur au point de pouvoir rendre certaines pièces de bois molles comme de la mie de pain et donc sans plus aucune résistance mécanique.

Réaliser un diagnostic

Avant de définir le traitement approprié, il convient de s’assurer de la présence d’une menace éventuelle, puis déterminer quelles en sont les causes.

Dans tous les cas, un diagnostic sûr nécessite une parfaite connaissance des insectes, de leur façon d’attaquer le bois, de leurs conditions de développement. Aussi faire appel à des professionnels compétents, qui peuvent en outre apporter une garantie, reste une nécessité absolue.

Pour effectuer une inspection préliminaire à l’intervention d’un professionnel :

  • Commencez par rechercher les traces de sciure sur le sol à proximité de la charpente, dans les angles ou à la jonction de pièces de bois.
  • Effectuez un sondage à l’aide d’un outil pointu. Couteau, tournevis, essayez d’appliquer la pointe de l’accessoire pour vérifier que le bois résiste à la pression et que la pointe ne s’enfonce pas de plus d’un ou deux millimètres.
  • Si vous avez visuellement repéré des traces blanches et circulaires, il peut s’agir des spores d’un champignon. Pour mesurer l’importance de la propagation de ce dernier, effectuez un léger ponçage pour l’éradiquer avant traitement.

Les différents types de traitement

Il existe deux types de traitement contre les insectes xylophages, selon qu’on est dans une configuration préventive ou curative. Dans tous les cas, il s’effectue avec des produits certifiés.

  • Le traitement préventif

Votre charpente est très ancienne ? Peut-être n’a-t-elle jamais été traitée ou peut-être ne subsiste-t-il plus aucune trace de traitement. Si votre charpente a plus de cinq ans, vous avez tout intérêt à appliquer de nouveau un traitement préventif.

Des moyens de traitement spécialisés existent qui peuvent être réalisés par des professionnels, sachant que les applications préventives contre les insectes dès lors qu’elles sont bien appliquées sur toutes les parties de votre charpente seront efficaces aussi contre les champignons.

Les produits utilisés pour le préventif, comme pour le curatif, devront être choisis parmi ceux qui ont été certifiés par le FCBA. Évidemment, l’appel à une entreprise certifiée Qualibat (n°1522, 1523 ou 1532) ou FCBA est un réel gage de sécurité.

La prévention est encore la voie la plus raisonnable car la moins onéreuse… et la moins anxiogène…

  • Le traitement curatif

C’est le plus délicat car il nécessite au préalable de débarrasser le bois des parties abîmées et de vérifier qu’il ne subsiste rien qui pourrait mettre en cause la solidité de tout ou partie de l’ouvrage.

L’opération peut être lourde, par exemple s’il faut dégager le bois d’une épaisseur d’isolant qui l’enferme. On appelle bûchage le travail qui consiste à retrouver le bois sain. Bien nettoyé, il devient alors apte à recevoir un traitement par badigeonnage ou pulvérisation (en général deux applications) et, lorsque les pièces de bois sont de section importante, par injection. Le traitement par injection suppose d’avoir créé préalablement des trous en profondeur pour injecter le produit insecticide.

Quelle que soit la méthode d’application, il faut savoir que les produits utilisés ne sont pas inoffensifs ; certains étant même agressifs pour la peau ou les voies respiratoires, voire dangereux (car inflammables).

Dans tous les cas, l’appel à un professionnel aux compétences attestées est absolument nécessaire pour ce type d’intervention. Plus encore lorsqu’il s’agit de termites car l’ensemble de la construction peut alors être touché.

Et, en milieu urbain, les interactions sont telles entre maisons proches, que le traitement d’un bâtiment peut conduire au traitement de ses voisins. Les attaques de termites se faisant à partir du sol où se situe la termitière, l’intervention implique aussi le traitement des fondations.